Autour de la barque mérovingienne

Autour de la barque mérovingienne : regards sur le haut Moyen Âge saintongeais

Conférence donnée par Philippe Duprat à Tonnay-Charente le 19 novembre 2021

 

La période du haut Moyen Âge, méconnue et peu documentée, longtemps mal repérée sur les sites archéologiques, fait l’objet de nombreux fantasmes et clichés, autour d’une imagerie de chaos mêlant décadence romaine, invasions barbares et rois mérovingiens féroces ou dégénérés, jusqu’à la renaissance carolingienne et la haute figure de Charlemagne, l’empereur « à la barbe fleurie ».

L’aventure de la reconstitution d’une barque mérovingienne à Tonnay-Charente fournissait l’occasion d’approcher au plus près la réalité du haut Moyen Âge, bien éloignée de ces clichés simplificateurs, et de mettre en valeur le contexte historique et archéologique de cette barque, beaucoup mieux connu depuis une trentaine d’années.

Après un aperçu rapide de la période gallo-romaine (Haut-Empire et antiquité tardive) dans les villes et les campagnes saintongeaises et aquitaines, et une première mise au point sur la crise du IIIe siècle (et la pseudo-invasion barbare qui lui est associée), l’auteur a examiné la problématique des invasions « barbares » du Ve siècle et leurs conséquences sur l’Empire romain d’Occident, en particulier l’Aquitaine, en tentant de cerner au plus près les périodes chronologiques couvertes par le haut Moyen Âge, associées à la lente dynamique de christianisation qui affecte le territoire.  

La dernière partie de la conférence était centrée sur la problématique des vestiges du haut Moyen-Âge, à la fois nombreux et peu visibles, en Aunis-Saintonge : d’abord le mobilier archéologique (très diffus – mais affectant quasiment tous les sites antiques), puis les sites repérés, préfigurant parfois les villages regroupés autour d’une église (continuité de l’occupation des villae gallo-romaines, mais aussi découvertes plus récentes d’habitats spécifiques, sans oublier les très nombreuses  nécropoles dites « mérovingiennes »).

Pour conclure, beaucoup d’éléments d’informations autour de cette barque, dont les deux originaux, qui reposent encore dans la Charente, ont fonctionné entre 601 et 874 – soit les périodes franque et carolingienne : leur usage de navires de charge n’est pas contestable, mais reste encore indéfini (pierres, bois, poterie, tuiles, vin, céréales, animaux d’élevage, sel etc…), en attendant les tests de navigabilité prévus dans le cadre de l’archéologie expérimentale.

Autant de questions qui restent ouvertes, en relation directe avec les éléments d’information historique et archéologique collectés et à venir.

 

Un PCR sur le golfe de Brouage (2011-2017)

 

Depuis 2011, la Société de Géographie de Rochefort participe à un projet collectif de recherche (PCR) intitulé « Les marais charentais au Moyen Âge et à l’époque moderne : peuplement, environnement et économie » dirigé par Éric Normand (SRA Poitou-Charentes) et Alain Champagne (Université de Pau). 

Ce PCR réunit une trentaine de personnes travaillant en interdisciplinarité (universitaires, chercheurs, étudiants, archéologues, historiens, géographes, scientifiques et associations), et mettant en œuvre tout l’éventail des technologies de pointe (technologie Lidar, webmapping, études environnementales, prospections géophysiques…) associées aux méthodes classiques de l’histoire et de l’archéologie.

Plusieurs adhérents de la Société de Géographie participent à des degrés divers à ce travail collectif : recherches historiques, prospections pédestres, fouilles, nettoyage et conditionnement du mobilier avant étude (J.-C. Bétreaud, J-P. Calauzènes, Ph. Duprat, H. et S. Porcher, P.-P. Robert, J.-L. Tanchoux et D. Vital).

  

Lire le compte rendu complet dans le PDF ci-dessous

PCR Marais (43Ko)

2013-2015 Le redan de la Vieille Paroisse

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Le rempart du XVIIe siècle de Rochefort, en grande partie disparu dans la première moitié du XXe siècle, s'est rappelé au souvenir des Rochefortais à l'occasion des travaux du Cinéma Multiplexe, réalisés sur le cours Roy-Bry entre 2013 et 2015. Plusieurs éléments de la façade ouest du rempart ont été retrouvés et fouillés en urgence par l'équpe d'archéologues de la Société de Géographie de Rochefort, missionnés par le SRA de Poitiers (DRAC) : le redan (pointe triangulaire) de la Vieille Paroisse, ainsi que deux éléments de la courtine qui reliait ce redan à celui du Faubourg (dont le seul vestige est l'échauguette).

Ces interventions ont permis de déterminer, dans cette zone, le tracé exact de l'ancien rempart, et a apporté des informations inédites sur la structure interne de cette fortification de Clerville, qui n'avait jusque-là jamais été observée d'un point de vue archéologique.

Pour en savoir plus, voir l'article qui suit.

Le redan de la Vieille Paroisse à Rochefort (janv. 2013 - 2015) (6446Ko)

Fouilles récentes

 

Janvier 2013 : Cours Roy-Bry, Rochefort (Charente-Maritime)

 Intervention urgente (Philippe Duprat, sur mandat de la DRAC) sur le chantier du futur cinéma multiplexe, après le creusement d'une fosse de grandes dimensions destinée à détourner les eaux de l'aqueduc pluvial : la fondation de l'ancien rempart a été traversée en deux points au niveau du redan dit de la Vieille Paroisse (avancée fortifiée triangulaire). Des mesures en plan et en coupe ont pu être prises avec l'aide d'une géomètre-expert dépêchée par l'entreprise, afin de repérer le tracé exact du rempart. Les anciennes cunettes qui longeaient le rempart servent encore aujourd'hui d'aqueduc pluvial pour cette partie de la ville : elles ont été recouvertes de dalles de béton au moment de la destruction du rempart dans les années 1920 et 1930. Une surveillance archéologique du chantier est envisagée, notamment pour d'autres parties du rempart qui pourraient réapparaître et pourraient être mises en valeur par un marquage au sol de la future esplanade. 

  

2012 : Place Jean Moulin, Tonnay-Charente (Charente-Maritime)

Surveillance de travaux (Philippe Duprat, Patrick Deludin) : tranchée d’évacuation des eaux pluviales traversant la zone de la nécropole mérovingienne et du cimetière médiéval, en particulier la place Jean Moulin. Aucun sarcophage trapézoïdal, présence d’ossements disséminés (une sépulture en place) ; mise en évidence d’un petit bâtiment postérieur au cimetière, et lié à l’existence du Champ de Foire créé peu après la suppression du cimetière (transféré en 1825) : bâtiment de service semi-enterré et soigneusement maçonné.

2010 : Rue Galliéni, Rochefort (Charente-Maritime)

Sauvetage urgent (Philippe Duprat, Patrick Deludin), réalisé sur trois parcelles contiguës à la prison, destinées à la construction d’un immeuble de logements sociaux (décapages et tranchées). Mise en évidence, sur l’ensemble de la zone, de nombreuses sépultures (83 indices : 45 adultes, 22 enfants, 16 indéterminés – cercueils et sépultures en pleine terre) : vestiges de l’ancien cimetière Saint-Louis (1693-1796).

Bibliographie

DUPRAT Ph. : « Les cimetières de Rochefort », Roccafortis, Bull. 50, sept. 2012, p. 15-34.

2009 : Espace Hermione, Rochefort (Charente-Maritime)

Sondages (Philippe Duprat, Patrick Deludin) liés aux travaux entrepris dans le cadre du projet touristique « Grand Hermione », prévoyant la remise en eau des formes de radoub Louis XV et Napoléon III. Sondage n°1 : remblais très meubles (XIXe-XXe siècles), vérification du bon état de la maçonnerie externe de la forme Napoléon. Sondage n°2 : mise en évidence d’un mortier de blocage étanche permettant le passage de lourds engins au bord de la forme Louis XV, et protégeant l’aqueduc de décharge des eaux longeant le bassin (XVIIIe-XIXe-XXe siècles).

Bibliographie

DUPRAT Ph. : Rapport d’opération de sondage, Rochefort 17 299 0006 – 17 299 0040, L’Arsenal – Espace Chantier de l’Hermione, 2010.

 

DUPRAT Ph. : « Rochefort Arsenal – Espace Chantier de l’Hermione », dans Bilan Scientifique 2009, DRAC Poitou-Charentes, Service Régional de l’Archéologie, 2010.

2009 : Le Moulin de l’Angle, Saint-Agnant (Charente-Maritime)

Intervention Philippe Duprat et Patrick Deludin. Petit site funéraire indéterminé avec présence d’une céramique de l’Âge du Bronze.

Bibliographie

DELUDIN P., DUPRAT Ph. : « Une zone funéraire de l’âge du Bronze à Saint-Agnant ? », Roccafortis, Bull. 48, sept. 2011, p. 55-59.

 

2008 : Les Fonderies, Rochefort (Charente-Maritime)

Surveillance de travaux (Philippe Duprat et Patrick Deludin) en juillet 2008, après le diagnostic réalisé par Léopold Maurel en janvier 2008. Deux décapages : niveau de démolition de la partie supérieure d’un four encore en fonction au début du XIXe siècle, deux structures maçonnées ne figurant sur aucun plan (support de machinerie et surface de travail dallée avec fosse d’usage indéterminé).

Bibliographie

DUPRAT Ph., DELUDIN P., MAUREL L. : « Les fonderies de Rochefort », Roccafortis, Bull. 46, sept. 2010, p. 22-42.

DUPRAT Ph., DELUDIN P., MAUREL L. : Les fonderies de Rochefort, publication de l’EID Atlantique, en partenariat avec la Société de Géographie de Rochefort, 44 p., 2011.