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Le%20%AB%20t%E9tra%E8dre%20%BB%20du%20Mur%20de%20l%27Atlantique

Philippe Duprat

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Was ist das ?

Un vestige du « Mur de l'Atlantique » a été dégagé par Claude Landraud avec l'aide de Yannick Combeau, à Port-des-Barques, sur l'estran, dans l'anse de Font Renaud. Il a été transporté dans la cour extérieure du musée archéologique de la Vieille Paroisse.
Claude Landraud et Georges Krebs qui ont remonté le « tétraèdre », sans sa base, nous en donnent l'échelle.

Il s'agit de trois pieux de béton armé, de section triangulaire, associés en tripode (chaque élément mesurant 2 m et pesant 250 kg). Trois autres éléments, disposés à la base du tripode, verrouillaient l'ensemble de la structure dont le nom scientifique, « pyramide en tétraèdre », est couramment réduit à « tétraèdre ». Avec les pieux en bois et les chevaux de frise, ces tétraèdres faisaient partie des « obstacles de plage », généralement placés en avant des ouvrages fortifiés. Ils se combinaient parfois avec des mines marines ou des mines de plage. Parsemés sur l'estran et immergés à marée haute, ils étaient destinés à faire chavirer ou à éventrer les barges d'assaut amphibies.
Les archives du « Mur de l'Atlantique » du Service Historique de la Défense (Département Marine) à Rochefort, permettent d'en savoir un peu plus sur l'organisation défensive locale, en particulier grâce à une étude dactylographiée des défenses allemandes, réalisée en 1946 et 1947 par les différents services de la Marine, avec plans, cartes et photos1.
En 1943, l'ensemble des pertuis (Breton et d'Antioche) était considéré par l'Occupant comme une zone favorable à un débarquement de grande envergure, d'où la fortification systématique des îles de Ré et d'Oléron, associée aux lourds systèmes défensifs de La Rochelle et de Royan. Quant à la côte charentaise elle-même (entre ces deux places), elle est protégée par des éléments de défense rapprochée, mais à grande échelle, avec l'installation de batteries de 75 ou de moindre calibre, dont les abords sont gardés sur le littoral par des obstacles de plage, parfois associés à des lignes de mines, comme à Châtelaillon ou à Fouras2.
Il en va ainsi de l'embouchure de la Charente. En avril 1944, les Allemands désarment le fort de l'Aiguille (au nord de Fouras) pour réaménager la vieille batterie française de Soumard, sur la rive droite de la Charente : on y installe quatre casemates pour canons de 77, axées vers le sud-ouest (tenant sous leur feu l'embouchure du fleuve), ainsi que deux canons de 20 (DCA) sur la tour. Le terre-plein de la vieille batterie au sud du sémaphore et le pourtour du fort sont minés. Des mitrailleuses en tobroucks (abris) complètent le dispositif3.

 

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Les archives ne signalent rien à Port-des-Barques ni dans la zone du golfe de Brouage, à l'exception d'un document : une précieuse carte4 indiquant quatre « ouvrages non bétonnés » aux « traces non retrouvées ». Ces probables petites batteries, marquées d'un cercle au crayon rouge sont localisées avec leur nom de code : l'une à Port-des-Barques, en bordure de Charente, à peu près en face du fort de La Pointe (Vincenz), et trois autres nettement plus au sud, verrouillant le golfe de Brouage : Plaisance Valdemar), Brouage (Wenzel), Le Chapus (Wolfram).
Les tétraèdres de l'anse de Font Renaud sont donc associés à la batterie Valdemar. En outre, selon le témoignage de C. Landraud, un petit canon était abrité dans le garage de M. Georges Renaud à Piédemont.

1Le Mur de l'Atlantique, Livre VI, La côte Atlantique de la baie de Bourgneuf à la Gironde, Fascicule I (texte), Fascicule II (plans), Fascicule III (photos), Boîte 164, SHD (Dép. Mar.), Rochefort.
2De La Rochelle à La Tremblade, la portion de côtes garnie d'obstacles atteint 20,1 km (Le Mur..., op.cit, Fasc. I, p.7).
3Le Mur..., op. cit., Fasc. I, p. 88-89, Fasc. II, plan 71/VI, (Boîte 164).
4Carte d'état-Major allemande : Anschluss Nr. 152 Süd Ost La Rochelle. Herausgegeben vom Kriegskarten- und Vermessungsamt Paris 1943. Annotations manuscrites à l'encre (noms de code des batteries), et pastilles arrondies au crayon de couleur (postérieures). Cotée 151-Tour de Chassiron NE/SE (boîte 161). SHD (Dép. Mar.) Rochefort.

(Roccafortis n°44, septembre 2009, p.194)